André

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C’est sans doute sa profession de contrôleur dans diverses sociétés industrielles et en particulier dans le domaine du nucléaire, qui lui aura donné « en-vie » d’échapper justement à tous contrôles. Et c’est en électron libre qu’il réalisera une imposante exposition dans l’ancien réacteur de la centrale atomique de Chinon, tout juste réhabilitée en musée. Les responsables EDF peu méfiants, ou plutôt inconscients du danger, lui donnèrent carte blanche. Le résultat fut à l’opposé de leurs attentes et n’osant plus annuler l’exposition, ils se contentèrent d’une censure médiatique. L’installation d’André passa inaperçue.

Fort de cette expérience André mettra à profit les ressources de l’entreprise pour réaliser des « petits boulots » pour employer son expression. Ses réalisations sont étonnamment variées: utilisation de la radiographie, réalisation d’une importante série de petits dessins sur carton, fabrication de tampons. Il faut préciser que ceux-ci sont récurrents dans son œuvre, car ils servent à valider, à officialiser, à authentifier, à certifier « conforme »; le tampon est l’outil administratif par excellence, et par conséquent, le plus grand ennemi de l’art. Ainsi trouvera-t-il son ersatz, sa caricature dans le débouchoir, autre élément récurrent dans le trav…dans l’œuvre d’André. C’est donc à dessein qu’André fera exécuter à l’atelier fonderie, une série de mini-débouchoirs en bronze; un accomplissement dans l’art du détournement, le « must » comme il dit, le détournement et le ralliement des salariés. Mais cette pratique n’est pas sans risque, il lui est arrivé, lors de périodes économiques incertaines, de s’attirer les foudres de ses collègues, de devoir faire profil bas, de partager pendant les pauses leur angoisse de l’avenir, et de réduire son geste à la simple empreinte d’une tasse de café sur une feuille ou un sous bock. Si le « regretté » Bourdieu était encore de ce monde, il verrait en André le modèle incarné de l’artiste ouvrier qu’il a imaginé.

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